"Méditation"
pour le mariage
de Claire et Laurent
prononcée par Guy Gilbert face
aux 1500 personnes qui assistaient le 12 mars 2003 au mariage du
prince Laurent de Belgique et de Claire Coombs, parmi lesquelles la
famille royale de Belgique et des familles royales étrangères
comme le grand-duc Henri et la grande-duchesse Maria-Teresa de
Luxembourg, le prince Nikolaus et la princesse Margaretha de
Lichtenstein, les princesses Victoria et Madeleine de Suède et la
princesse Margriet des Pays-Bas.
"Vous savez tous
les deux, Claire et Laurent, comme j'aime l'Eglise. Je suis très
heureux d'être là avec vous, avec le cardinal Danneels, ses frères
prêtres pour être témoin de votre amour, à toi Laurent et à toi
Claire. L'amour que toi, Claire, tu portes à Laurent. Laurent, tu
es le dernier petit poussin à quitter le nid, après Astrid et
Philippe. Je salue, Laurent, affectueusement ta chère mère Paola
et ton père Albert et puis Astrid qui n'est pas là. Nous sommes
tous de tout coeur avec elle; elle attend un petit. Et puis
Philippe...
Claire, tu quittes aussi le nid. Je
salue tes chers parents Nicole et Nicholas affectueusement. Et puis
Johanna et Matthew...
Le cardinal Danneels m'a permis une
petite méditation.
Je voulais vous dire...
"Que votre famille reste le
coeur, le coeur de votre vie. La famille, c'est la cellule la plus
petite, la plus grande, la plus noble, la plus ancienne, la plus
neuve. Vous la fondez aujourd'hui, Claire et Laurent...
L'amitié
partagée avec tant de gens qui sont venus ici, bien au-delà du
protocole, mais pour vous dire qu'ils vous aiment tous les deux
beaucoup. Gardez, Claire et Laurent, vos amis précieusement. C'est
la chose la plus grande que vous pouvez avoir après votre famille.
Des amis vrais qui resteront, surtout quand tout ne va pas bien.
Merci pour ton amitié, Laurent. Elle
est ancienne de sept ans. Tu as voulu m'offrir un prix pour mes
loubards. Et il n'y a pas que des loubards français.
Malheureusement, c'était aussi pour des jeunes qui poussent mal et
qui sont Belges. Et que nous prenons dans notre ferme là-bas. C'est
là que cette amitié est née. Et puis, tu es venu. Je vois de toi
l'image d'un prince soignant des sangliers, caressant les lamas. Tu
aimes tellement toutes les bestioles de la Création: de la
coccinelle à l'éléphant. Oui, je t'ai vu, présence vivante,
proche.
J'ai apprécié que tu ne juges pas mes jeunes et que tu ne
leur demandes jamais de quelle prison ils venaient, ce qu'ils
avaient fait. Ils t'ont beaucoup aimé. "Altesse royale
? " çà alors là,
çà ne leur dit rien ! Mais tu as été avec nous un prince,
Laurent, dans la mesure où tu les a servis. Humblement,
fraternellement.
Tu partageras avec Claire cet amour
des animaux. Claire et Laurent, la plus belle aventure du monde,
c'est l'amour que vous vous êtes donné, dans les mains du cardinal
Danneels. Et tous ceux et celles qui sont ici le savent, vous pouvez
avoir tous les titres du monde, tout l'argent du monde, si vous
n'avez pas l'amour, nous ne sommes rien.
La plus belle aventure du
monde, Laurent et Claire, c'est ce oui que vous vous êtes donné
tout à l'heure. C'est un combat: demandez-le à Paola et Albert,
demandez-le à Nicolas et Nicole, vous verrez. Et puis, demandez-le
à Astrid et Lorenz, à Philippe et Mathilde, à Johanna et son
mari... C'est un combat, un magnifique combat de tous les jours, et
vous le gagnerez quand on se donnera rendez-vous dans cinquante ans.
Je n'aurai que 127 ans quand même...
Bien. À deux conditions, Laurent et
Claire... Deux conditions! Dans cette préparation du mariage qu'on
a faite ensemble, je vous l'ai dit: votre couple d'abord ! J'entends
parler souvent les couples qui parlent des enfants. Je dis: d'abord
vous ! Je suis le troisième d'une famille de pauvres, on était
quinze... Cet amour que nous portaient mon père et ma mère, oui.
Mais le roc de votre vie, ce sera l'amour que vous porterez l'un
l'autre.
Je ne fais que rendre, comme prêtre, l'amour que j'ai reçu
d'un homme et d'une femme: mon père et ma mère. Ma mère qui a
rendu le dernier soupir dans mes bras, il y a quelques mois. Votre
couple d'abord ! Les obligations de votre rang vous prendront du
temps, ton travail de géomètre aussi. Mais d'abord, vous deux !
Aimez votre différence. Aimez que
l'autre soit différent. N'oubliez pas: respectez-vous infiniment.
Le respect, c'est le plus beau nom de l'amour. Je connais votre
coeur universel, déjà. Que votre porte soit ouverte aux quatre
vents de l'amitié.
Que les plus petits soient servis d'abord. C'est
là, Laurent et Claire, que vous serez vraiment prince et princesse.
Vos enfants: ils seront les étoiles de berger de vos vies.
Donnez-leur les valeurs que vous avez reçues de vos parents. Des
valeurs strictement laïques, d'abord universelles. On n'a pas
besoin d'être chrétien pour avoir des valeurs. Valeurs profondément
laïques de respect, de tolérance, d'amour de l'autre. Donnez-leur
les valeurs religieuses et morales que vous avez reçues tout petit.
Aimez-les, que votre travail ne vous dévore pas. On ne rattrape
jamais l'amour qu'on n'a pas donné quand ils sont si petits dans le
nid, si fragiles. Et j'en sais quelque chose, dans mon métier d'éducateur
spécialisé.
Enfin, à vous, les médias qui êtes
venus, honorez cet amour. Valorisez l'amour. Cette image qui est
transmise dans le coeur de tant de Belges, maintenant.
Valorisez la
fidélité. Dites à travers vos écrans et vos micros l'immensité
de la beauté de la personne. Dans son coeur d'abord.
Valorisez
l'enfant qui dort dans le ventre de sa mère comme l'enfant
qu'attendent Astrid et Mathilde. Valorisez ce maillon le plus
fragile de la vie qui est l'enfant qui dort dans le ventre de sa mère.
Valorisez aussi le vieillard qui s'éteint. Tant d'anciens meurent,
seuls, dans les hôpitaux maintenant. Laurent et Claire, valorisez
ces deux maillons de la chaîne de la vie, le
plus petit qui dort dans le ventre de sa mère et le vieillard qui
s'éteint. Aimez-vous en vérité, dans votre vie privée, parce que
vous en aurez une et c'est très important. Que votre amour soit
rayonnant. Soyez des rayons lasers. Vous êtes des personnes
publiques, que votre vie soit exemplaire, Claire et Laurent.
Enfin, vous avez pris des textes très
courts sur l'amour, on les a choisis ensemble. N'oubliez pas - le
cardinal Danneels vous l'a dit tout à l'heure - seul l'amour de
Dieu vous rendra fidèles et vrais dans votre amour, seule la
puissance de ce sacrement que vous avez reçu vous donnera la force.
Enfin, un petit
conseil, un énorme conseil: ne vous couchez jamais, Claire et
Laurent, sans vous vous êtes demandés pardon. Sachez dire pardon.
Tant de couples se sont quittés parce qu'ils n'ont pas su le dire.
Jour après jour, soyez, tous les deux, des êtres de miséricorde".
Je vous dédie cette belle histoire
vraie, une des plus belles que je connaisse. C'est une des plus
belles histoires vraies que je connaisse. Je la dédie à vous,
Paola et Albert, Nicole et Nicholas, Maria et Henri, tous ceux qui
s'aiment, tous ceux qui ont réussi à tenir le coup dans la fidélité.
Et puis je le dédie à ceux qui peut-être dans cette assistance
sont séparés, divorcés, remariés. Dans quelle souffrance vivent
souvent des gens dans le monde d'aujourd'hui? Alors à tous et
toutes, je vous dédie cette histoire. C'est l'histoire des foulards
blancs.
Un adulte de vingt ans avait sali ses
parents. Une affaire qui détruit un peu la réputation des parents.
Et le père a dit à Jean qui avait sali sa famille: «Jean, fout le
camp! Et ne remets plus jamais les pieds à la maison ! » Alors Jean
est parti, la mort dans l'âme, mais il est parti.
Et puis quelque
temps plus tard, il s'est dit: «Je suis vraiment une ordure, un
salaud; alors je vais demander pardon à mon père.» Mais il avait
tellement peur que son père le jette de la maison, alors il lui écrit
et dit: «Papa, vraiment, je vous ai salis, je te demande pardon. Je
voudrais tant revenir à la maison. Je t'écris, je te mets pas
d'adresse. J'ai tellement peur que tu me dises non. Si tu me
pardonnes, mets un foulard blanc, je t'en prie. Sur le pommier
devant la maison, tu sais la grande allée des pommiers qui conduit
à la maison. Mets un foulard blanc sur le dernier pommier.»
Et puis, quelque temps plus tard, il
dit à son frère et ami Marc: «Je t'en supplie Marc,
accompagne-moi, voilà ce qu'on va faire. Je te conduis jusqu'à la
maison. A cinq cents mètres de la maison, tu prends le volant, je
me mets à côté à la place passager, je ferme les yeux.
Lentement, tu descends l'allée des pommiers. Tu t'arrêtes. S'il y
a un foulard blanc, alors, je foncerai à la maison... S'il n'y a
pas de foulard, jamais plus je ne reviendrai»
Ainsi dit, ainsi
fait. Cinq cents mètres. Jean donne le volant à Marc. Jean
s'assied à la place passager, ferme les yeux et lentement la
voiture descend la grande allée des pommiers, jusqu'au dernier
pommier devant la maison. Et Jean, les yeux fermés, dit à Marc: «Je
t'en supplie Marc, mon père a-t-il mis le foulard blanc? Dans le
pommier, devant la maison?» Et Marc lui dit: «Non, non Jean, il
n'y a pas de foulard, dans le pommier devant la maison, mais il y en
a des centaines, tout au long de l'allée...»
Frères et soeurs, bien-aimés,
partez de cette cérémonie avec des foulards blancs dans votre
coeur. Soyez, Claire et Laurent, des êtres de miséricorde.
Soyez-le tous, frères et soeurs.
Le monde crève de manque de miséricorde.
Catholiques, protestants, orthodoxes, musulmans, juifs, bouddhistes,
athées, agnostiques, soyez des êtres de miséricorde.
mise
à jour 15 mars 2021
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