Ramallah, 31 mars 2002
Ramallah
31 mars 2002 : le témoignages d'Adila
L'événement,
l'histoire derrière l'image, les liens web, poser une question ou donner un
commentaire.
Le mouvement de refus dans les forces armées
israéliennes
Amira
Hass :une Israélienne dans les Territoires (AlterFocus)
Les
autres pages d'AlterFocus
Signer
la pétition d'Amnesty International envers Ariel Sharon pour qu'il stoppe la
violence dans les territoires
|
Les
témoignages
d'enfants
Cette page fait
partie des archives d'AlterFocus et n'est plus mise à jour
Recueillis par Mme
Manal Issadu, directrice administrative et responsable des finances du Centre culturel Khalil Sakakini de Ramallah (http://www.sakakini.org)
(traduit en français par Danièle Ouanès à Montréal)
Samedi 30 mars
2002...
Je m'appelle
Alayyan Zayed, j'ai 9 ans. Je ne peux pas jouer dans ma cour. Je ne peux pas
sortir devant la porte d'entrée de ma maison à cause du couvre-feu. J'ai caché
mes jouets parce que j'ai peur que les soldats israéliens m'emmènent parce que
j'ai des fusils jouets et des tanks jouets. Je ne peux même pas aller au
magasin acheter des bonbons à cause du couvre-feu.
Voici une lettre
de Rana au monde entier: En ce moment, mon père est au loin. Quand j'ai
remarqué pour la première fois que ma sœur et ma mère pleuraient en
regardant la TV où on voyait les soldats israéliens qui tuaient les hommes
qu'ils avaient arrêtés, j'ai cru que mon papa était l'un d'eux. J'ai commencé
à pleurer et pleurer et puis au bout d'une minute je me suis demandée pourquoi
je pleure, c'est notre destinée. Mon père est policier et nous devons résister.
Je m'appelle Lema
Zayed, j'ai 11 ans: je veux aller à l'école finir mes études cette année.
Je veux être libre pendant l'été, aller nager et m'amuser. Je veux que les
soldats israéliens quittent notre pays, arrêtent l'occupation et arrête
d'utiliser ces gros tanks. Nous n'avons rien pour les confronter. Je ne veux pas
qu'ils occupent nos maisons ou qu'ils tirent des obus dessus.
Je m'appelle
Ahmed Tuqan, j'ai 7 ans. Depuis que l'Intifada a commencé, nous avons
commencé à déménager d'une maison à l'autre. Chaque semaine, nous habitons
une maison différente. Les Israéliens entrent dans les maisons et ils font
peur aux gens. Quand ils sont entrés dans Jérusalem, nous avons déménagé à
Ramallah et quand ils sont entrés à Ramallah, nous avons déménagé à Jérusalem.
Mustafa Mulhem, 8
ans: je veux dire merci aux pays étrangers parce qu'ils veulent aider les
enfants palestiniens. Notre situation est très, très mauvaise. Nos villes sont
occupées, Je suis à Ramallah, c'est l'occupation totale par les soldats israéliens,
la ville est pleine de tanks et de véhicules militaires. J'ai du chagrin pour
les shuhada (morts) et les blessés mais nos hôpitaux et nos docteurs nous protégerons.
Je m'appelle Ala'
Jibrin, j'ai 12 ans: j'habite Ramallah dans une vieille maison d'une pièce.
Il n'y a pas de toilettes, alors nous utilisons les toilettes dehors (lieux
d'aisances) de nos voisins, à 30 mètres de chez nous. Les soldats israéliens
nous empêchent d'y aller ou d'aller à la cuisine, qui est aussi à l'extérieur
de chez nous. Nous ne pouvons même pas faire la cuisine. Nous sommes 8 frères
et sœurs dans cette situation difficile. Nous n'y comprenons rien et nous ne
savons pas quoi faire, si nous sortons, il se pourrait qu'ils nous tirent
dessus. En plus, les soldats jettent leurs ordures, ils chient et pissent devant
notre porte d'entrée. L'électricité est coupée depuis hier. Nous sommes
nerveux et c'est une situation psychologiquement difficile. Nous demandons à
Dieu et à toute personne sur cette terre qui a des sentiments humains de
s'interposer et de mettre fin à ce cauchemar que vivent les enfants
palestiniens.
Je m'appelle
Yanal Zayed, j'ai 4 ans. Je veux nager. Je veux être chez moi, avoir une
maison et une fenêtre pour regarder dehors.
Je m'appelle Sara
Atrash, j'ai 5 ans, Mamam, je t'aime.
Heba Burkan: 12
ans: Nous désirons ardemment la paix et la sécurité. Nous voulons de
l'amour et de l'affection. Donnez-nous notre enfance et la liberté.
Dimanche 31 mars
2002
Ahmed Atrash, 8
ans: C'est une situation très difficile. Je m'ennuie. Mes parents ne me
laissent pas jouer dans la cour. Ils ne me laissent pas regarder la TV, parce
qu'ils regardent les nouvelles. Je suis triste pour les shuhada (morts) et j'étais
encore plus triste quand j'ai entendu que leur nombre augmentait. Mais je joue
avec mes amis dans le quartier. Mon seul souhait est que les soldats israéliens
partent de mon pays et c'est le meilleur vœu que je fais.
Ala' Jibrin, 12
ans: Pendant qu'on dormait, on a entendu un bruit de verre cassé. Nous
avons regardé par la fenêtre et avons vu des soldats israéliens qui cassaient
les vitres des voitures et qui volaient les lecteurs de CD. Ils ont cassé les
vitres de notre voiture mais, Dieu merci, ils n'ont pas volé notre lecteur. Le
matin, 15 soldats sont entrés chez nous en criant. Ils ont tout mis sens dessus
dessous, ils ont arrêté mon père et nous ont gardés dans notre petite
cuisine à l'extérieur de la maison. Je crois qu'ils ont emmené mon père
parce qu'il avait un drapeau palestinien. Je les ai vus battre très fort les
hommes qu'ils avaient arrêtés. Est-ce que ce n'est pas en soi du terrorisme,
oh mon Dieu!
Mizer Jibrin, 15
ans (frère d'Ala). Les soldats israéliens nous ont empêchés de sortir
pour aller à la cuisine ou aux toilettes. Nous étions dans une situation
incroyable. Comme les toilettes sont loin de la maison, mes plus jeunes sœurs
utilisaient une boîte à ordure vide. J'ai refusé et insisté pour aller aux
toilettes dehors. Mes parents ont essayé de m'empêcher, et comme j'insistais
il ont été d'accord en me disant de faire attention. Quand j'ai eu fini aux
toilettes, les soldats m'avaient encerclé et m'ont demandé de mettre les mains
en l'air. L'un d'eux m'a poussé et a commencé à me questionner: Qu'est-ce que
tu fais, comment tu t'appelles, quel âge as-tu? Je leur ai répondu et ils
allaient me battre quand mon père a crié: «arrêtez, arrêtez, c'est un
enfant qui est sorti pour aller aux toilettes». Ils m'ont relâché et ont fait
irruption dans la maison. Ils ont emprisonné mes sœurs, mes frères et moi
dans notre petite cuisine et ont détruit nos affaires. Ils ont arrêté mon père
et l'ont battu avec d'autres hommes. Puis ils leur ont couvert la tête avec des
sacs en plastique en les emmenant vers une destination inconnue. J'ai connu
l'occupation et je n'oublierai jamais, jamais. Je veux dire arrêtez votre
occupation, arrêtez votre tyrannie et arrêtez votre tuerie, arrêtez...
Alayyan Zayed, 9
ans: Les soldats israéliens tuent les hommes jeunes et effrayent les
enfants. Ils emprisonnent les soldats palestiniens et tuent les journalistes.
Soutenez-nous et protégez-nous.
|