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Toute
la semaine qui a précédé les élections, de nombreuses manifestations
pré-électorales ont eu lieu dans toutes les villes de la partie
albanaise du Kosovo. Ici, un défilé pour le PDK, un des trois principaux
partis en présence. |
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Ce qui
frappe au premier abord dans toutes ces manifestations, c'est l'âge moyen
des participants : des jeunes, parfois des très jeunes. Un grand nombre
n'ont pas 18 ans et ne voteront donc pas - ce qui n'atténue en aucune
manière leur enthousiasme. |
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D'une
manièe générale, la campagne s'est déroulée sans incidents (à part
quelques bagarres dans la région de Gjakova).
Plutôt que des sigles de parti, on voit
partout ici un seul emblème : le drapeau rouge avec l'aigle bicéphale de
l'Albanie. Preuve - si besoin en était - que les élections sont surtout
pour les Kosovars albanais un moyen de manifester leur volonté
d'indépendance pour ce qu'ils considèrent être leur pays. |
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A
gauche, un Albanais portant le chapeau traditionnel. Seuls les vieux le
portent encore. Dans les villes, on n'en voit pas beaucoup.
A droite : Idriz, un ami Kosovar qui
parle et comprend le français, et qui nous a aidé à mieux comprendre
son pays. |
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Durant
tout notre séjour, Idriz nous a conduit avec sa Golf rouge dans tous les
coins du Kosovo.
Le 28 octobre au matin, il nous a servi
d'interprète dans notre tournée des bureaux de vote. |
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Première
étape, un bureau de vote à Pristina où nous arrivons tôt le matin -
juste à temps pour croiser Ibrahim Rugova, fondateur du LDK (Ligue
Démocratique du Kosovo) et ex-président avant la guerre de la
République auto-proclamée du Kosovo.
Comme tout le monde, Ibrahim Rugova vient
déposer son bulletin de vote. Difficile de l'approcher - il est bien sur
entouré de gardes du corps. |
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Dans
tous les bureaux de vote, la participation populaire est massive. Les
files d'attente sont impressionnantes. De nombreuses personnes devront
attendre plus d'une heure avant de pouvoir entrer dans le bâtiment qui
sert de bureau de vote.
Le vote est ouvert entre 7 heures du matin
et 19 heures. Mais devant l'ampleur de la participation et la lenteur du
processus, de nombreux bureaux prolongeront les heures d'ouverture et
resteront ouverts bien tard dans la nuit (parfois plus tard que minuit). |
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Le
vote n'est pas obligatoire. Pour pouvoir voter les Kosovars ont donc dû
se faire inscrire sur les listes électorales il y a quelques mois. Ce
processus a été rendu extrèmement difficile par le fait que beaucoup de
Kosovars albanais qui se sont réfugiés à l'étranger avant la guerre n'ont plus de papiers d'identité (ils ont été
confisqués ou brulés par les forces Serbes ou les militaires
macédoniens). |
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Pour
résoudre ce problème, l'OSCE et l'UNMIK ont donc mis en place il y a six
mois des bureaux où les habitants du Kosovo pouvaient venir se faire
enregistrer, en apportant si possible une preuve de leur identité.
De
nombreuses précautions ont été prises pour éviter toute fraude dans
ce processus : on a pris une photo et les empreintes digitales de chaque
personne enregistrée, et le tout a été mis sur ordinateur. Par la
suite, on a ouvert dans toutes les villes des "Quick Check
Centers", où chacun pouvait venir vérifier les données qui
étaient enregistrées, et vérifier qu'il n'y avait pas d'erreur.
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Munis
du papier qu'ils avaient reçu à leur enregistrement, les électeurs
s'adressent d'abord à un "Help Desk" situé à l'entrée, et
où on leur indique le numéro du bureau de vote dans lequel ils doivent
se présenter. |
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A
l'entré de chaque bureau, deux affiches en anglais "NO SMOKING" et "NO
WEAPONS". Défendu de fumer - défendu de
porter des armes...
(on ne sait pas ce qui des deux est le plus
dangereux pour la santé) |
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Avant
d'entrer dans le bureau, chaque électeur doit présenter son index droit
pour vérification.
En effet, pour éviter toute tentative de
voter deux fois, chaque électeur reçoit sur le doigt au moment où il
vote, une marque d'encre indélébile, visible uniquement à
l'ultra-violet. Le système fonctionne très bien : on a essayé. |
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Nous
avons suivi Idriz dans le bureau de vote. Tout comme chez nous, ceux-ci
sont installés dans des écoles, des mairies ou des bâtiments publics.
Vu le contexte, on avait mis bien sur en
place un dispositif extrèmement important, y compris une protection par
la police de l'UNMIK et par la KFOR. |
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D'après
les chiffres communiqués par l'OSCE qui a pris en charge tout le
processus, le nombre de membres du staff qui ont été impliqués dans
l'opération approche les 50.000. Cela inclut bien sur de nombreux
observateurs et fonctionnaires étrangers,
en plus du personnel local.
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Première
étape, présentation de sa convocation et vérification de son identité.
Caractéristique unique de ces élections :
chaque bureau de vote avait une liste imprimée de tous les électeurs
inscrits dans le bureau, avec leur photo - tout a vraiment été mis en
place pour éviter des accusations de fraude. Et de fait, aucune plainte
n'a été déposée. |
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Après
avoir reçu son bulletin de vote et avoir été marqué au doigt par de
l'encre spéciale, Idriz se rend à l'isoloir et choisit son candidat
sur la liste.
Comme chez nous, il est possible de voter en tête de liste,
ou bien pour un candidat particulier sur une (une seule) liste.
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Dernière
étape, le bulletin est déposé dans une urne transparente et scellée.
Lorsque le vote sera clôturé, ces urnes seront dépouillées sous le
contrôle des nombreux observateurs locaux et étrangers, avant d'être
conduites sous bonne garde à Pristina pour les décomptes finaux.
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A huit
heures du soir, grande effervescence dans les locaux de l'OSCE à
Pristina. On y prépare une grande conférence de presse pour les
correspondants du monde entier qui ont tous débarqué à Pristina pour
assister à cet événement. |
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Vingt
heures dix : Bernard Kouchner arrive, en compagnie de nombreuses autres
personalités de l'UNMIK, de l'OSCE et de la KFOR. Le ton est
enthousiaste, parfois grandiloquent (comment empêcher Kouchner d'être
grandiloquent ?) : c'est un succès ! Participation massive des Albanais
ainsi que des minorités bosniaques, roma et ashkali. Aucun incident
notable, aucune plainte d'aucune partie concernée et pas la moindre
violence.
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Seul ombre au tableau -importante, mais
c'était connu : la minorité serbe a refusé (et a été empêchée par
ses leaders) de participer au scrutin.
C'est une décision qui avait été prise avant la chute de Milosevic, et on
espère qu'avec le nouveau gouvernement à Belgrade les choses pourraient
être différentes. Dans son discours Bernard Kouchner annonce son accord
pour organiser dès que possible d'autres élections dans les localités serbes
du Kosovo, qui n'ont pas participé aujourd'hui. |
Reportage et photos :
Armand Burguet |